Qu’est-ce que la RAAC ?

La récupération améliorée après chirurgie (RAAC) est un ensemble de mesures (avant, pendant et après une intervention chirurgicale) visant à minimiser  le traumatisme subi par le patient et donc accélérer sa récupération à la fois sur le plan général et sur la fonction du membre opéré. Cette RAAC existe timidement depuis les années 90 et se développe très vite actuellement dans tous les milieux chirurgicaux. Nous employons ce programme sous l’impulsion de nos anesthésistes depuis maintenant 3 ans. Ce programme fait intervenir l’ensemble des acteurs du pôle locomoteur.

La RAAC en Orthopédie au CHU comment ça marche ?

Un programme RAAC s’articule autour de 3 phases dans lesquelles sont impliqués plusieurs acteurs autour du patient (anesthésistes, chirurgiens, rhumatologues, kinésithérapeutes et infirmières de consultation). Une fois l’indication opératoire posée par le chirurgien, le patient se verra remettre les informations pratiques sur le déroulement de son hospitalisation (par l’infirmière de consultation) ainsi qu’un rendez-vous d’anesthésie et un bilan biologique à réaliser. C’est à l’issue de cette consultation d’anesthésie que va démarrer la première phase.

La phase 1 : la préparation à l'intervention

Elle est orchestrée par le médecin anesthésiste qui va « conditionner » le patient à l’intervention en optimisant au maximum sa santé physiologique.
Lors de la consultation d’anesthésie en collaboration avec le service d’Hôpital de jour de Rhumatologie, les patients bénéficient d’une cure de fer intraveineux durant 1 heure. Celle-ci sera réalisée en fonction du bilan biologique prescrit lors de la consultation chirurgicale au minimum 3 semaines avant. Il peut être adjoint des cures d’EPO à domicile, en collaboration avec une infirmière et le médecin traitant, si le taux d’hémoglobine le requiert. Ce protocole permet de réduire les transfusions sanguines per et post opératoires.
Par ailleurs, le patient va bénéficier d’une information à la fois simple et complète sur tout ce que comporte ce programme. Cette première phase vise à ce que le patient adhère pleinement au programme en le rassurant sur l’attention qui va être portée à la sédation de la douleur afin de minimiser l’impact physique et psychologique lié à l’intervention et enfin que tout soit déjà prêt pour son retour à domicile. En cela, nous sommes aidés par des agents de la CPAM qui s’occupent de tout et du lien avec les soignants de ville.

La phase 2

Elle démarre pendant l’hospitalisation qu’elle soit ambulatoire ou non. Tout d’abord, en fonction de la planification opératoire, la période de jeûne préopératoire ainsi que les prémédications sont réduites au maximum afin de limiter le stress et de faire descendre au bloc un patient confiant et non trop endormi par des sédatifs puissants comme cela était le cas par le passé.
L’intervention en elle-même va obéir à des règles chirurgicales et anesthésiques bien codifiés :

  • Anesthésie multimodale : durée d’anesthésie la plus courte possible, utilisation de plusieurs médicaments qui prolongent l’effet anti douleur de l’anesthésie sans l’effet de somnolence. Des infiltrations d’anesthésiques locaux à longue durée d’action sont réalisées dans la plaie opératoire afin de limiter la consommation de morphine post opératoire, mais également d’hémostatiques locaux et par voie générale toujours dans le but de diminuer le saignement post opératoire et donc la fatigue liée à l’anémie. Ainsi la déambulation et la rééducation sont favorisées en post opératoire. La reprise de l’alimentation sera rapide et le nombre de cathéters limité au strict minimum.
  • Coté chirurgical, le chirurgien utilise des procédures standardisées (dites mini invasives) afin que le geste opératoire soit le plus court possible et limitant la souffrance des tissus en dessous de ce qui se voit par le patient (la cicatrice).
  • A l’issue de l’ensemble de ces mesures, le patient est dirigé vers la salle de réveil ou il va s’éveiller très rapidement (en cas d’anesthésie générale) et voir tout de suite son articulation opérée fonctionner sans douleur, il remontera donc rapidement dans sa chambre et sera prêt pour débuter sa rééducation.

Phase 3 : les suites post opératoires

Les jours suivant l’intervention, une attention particulière sera portée à la limitation des douleurs et à la récupération rapide de la fonction (lever précoce, marche, amplitudes articulaires avec les compétences et la réassurance d’un kinésithérapeute). Le but recherché étant d’induire un réflexe positif chez le patient qui pourrait se résumer ainsi : « je viens de me faire opérer, j’étais parfaitement au courant de ce qu’on allait me faire, j’étais préparé, en forme, je ne m’attendais pas à récupérer aussi vite, donc j’adhère et je reprends vite mes habitudes ».
Le patient est donc rapidement « ré autonomisé » et peut donc rentrer à son domicile où tout est déjà programmé (soins infirmiers, rééducation, etc.).

A qui s’adresse la RAAC et ce que n’est pas la RAAC ?

Elle s’adresse à tous les patients, quel que soit leur âge, opérés en chirurgie programmée.
Bien sûr, nous sommes tous différents et réagissons plus ou moins positivement à ce type de programme, certains vont aller très vite, d’autres, un peu plus lentement.
Un bénéfice secondaire de la RAAC est de diminuer la durée d’hospitalisation mais, bien entendu, il n’est pas question de « mettre les gens dehors » coûte que coûte, tout est adapté à la carte en fonction de l’état de santé initial du patient et de sa progression après l’intervention.

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